Funérailles de Sa Beatitude Nerses Bedros XIX,
Catholicos Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques
Homélie prononcée par Son Excellence Mgr Grégoire Ghabroyan,
Administrateur de l'Eglise Patriarcale Arménienne Catholique
en la cathédrale Saint Grégoire – Saint Elie des Arméniens catholiques, le 30 juillet 2015
L’Eglise arménienne catholique porte aujourd’hui le deuil de son Pasteur, S. B. Nerses Bedros XIX, catholicos Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques.
Le décès soudain et intempestif de notre pontife a secoué notre communauté dans toutes ses composantes. Nul ne pouvait en effet imaginer que, après avoir présidé une messe en notre cathédrale de S. Gregoire – S. Elie, la veille, et prononcé une homélie, puis célébré sa messe quotidienne, le lendemain a l’aube, il allait confier paisiblement son âme entre les mains de son Père céleste, dans le calme et le silence total, en scellant par la mort des justes sa vie sacerdotale commencée il y a juste cinquante ans.
Avec la disparition de son Pasteur, l’Eglise arménienne catholique perd non seulement un guide courageux et consciencieux, mais encore un père dévoué et un prêtre exemplaire, le serviteur fidele de son Maitre divin, un bon exemple pour ses frères évêques et ses prêtres collaborateurs.
Quand, il y a dix ans, en se soumettant a la volonté de ses frères synodaux, il acceptait la fonction patriarcale, il était conscient du pesant fardeau qui allait lui être imposé . Cependant, grâce à sa foi solide et sa confiance sans bornes en la Providence divine, il accepta la lourde charge et s’attela sans retard à a sa mission pastorale.
La première tâche du nouveau pasteur a été de réorganiser et revitaliser les structures communautaires de son Eglise, en prêtant une importance spéciale à la participation active et durable des laïcs à la vie et l’activité de l’Eglise. En poursuivant ensuite la rénovation des commissions patriarcales, selon les lois canoniques, il renforça les activités pastorales, œcuméniques, catéchétiques, médiatiques, celles concernant les vocations sacerdotales et autres activités religieuses. Sans perdre de temps, et en considérant essentielles les relations harmonieuses et la collaboration fraternelle avec toutes les communautés, il n’épargna aucun effort pour conserver des liens permanents et profonds avec elles , sur le plan religieux aussi bien que national. Il était persuadé que le bien suprême de notre peuple exige que ses chefs se donnent la main , surtout quand des problèmes cruciaux surgissent qui exigent de mettre de côté les intérêts particuliers, en ayant à l’esprit uniquement le bien suprême de leur peuple. C’est pourquoi il n’a perdu aucune occasion de communiquer avec les sièges hiérarchiques des Eglises sœurs en toute occasion, en correspondant épistolairement et par des rencontres personnelles et officielles.
En parlant du défunt prélat, on ne peut omettre de rappeler avec gratitude et de mettre en lumière ses mérites, illustrés durant ses longues années de vie sacerdotale et épiscopale
Plus que tout et au dessus de tout, il était un homme nourri de vie spirituelle. Il était pleinement persuadé que le prêtre est avant tout un homme de Dieu. Il estimait que la vie de prière est essentielle pour transformer son activité en une source de grâces et la rendre porteuse de fruits.
Sa Béatitude était l’indéfectible défenseur et exécuteur des lois de l’Eglise, en étant cependant attaché surtout à l’esprit de la loi. Il tenait fermement, au point d’être taxé d’extrémisme, à l’observation fidele de la loi et n’hésitait pas de s’adresser souvent aux sources de la loi , pour légitimer et conforter ses vues.
Il reconnaissait le rôle vital de la liturgie et de la vie liturgique dans l’œuvre de sanctification et de salut du peuple de Dieu. N’étant pas parfois complètement satisfait du travail accompli par la commission liturgique, il prenait souvent lui-même des initiatives pour le parfaire. Grâce à son encouragement et ses efforts assidus, la révision et la republication du Missel et du Rituel des sacrements et d’autres livres liturgiques ont été réalisées. Sous son égide, le travail de révision de la traduction en arménien moderne de la Sainte Bible, entamé depuis des années, a connu un nouvel essor.
Sa Béatitude était connu par son acharnement au travail. Ses heures de travail ne se limitaient pas aux horaires d’un travailleur normal ; elles se prolongeaient souvent jusqu’aux heures tardives de la nuit . Il ne supportait pas que n’importe quel travail projeté et initié reste inachevé. Ses collaborateurs immédiats en partageaient souvent le poids.
Il est juste de mentionner, pour l’histoire, les projets réalisés sous son impulsion, particulièrement ces dernières années.
Comme pasteur et éducateur de son troupeau, il rédigea plusieurs lettres pastorales, dont il faut citer spécialement celles publiées à l’occasion du 1700ème anniversaire de la christianisation de l’Arménie, du 90ème et 100ème anniversaires du Génocide arménien, de l’année consacrée à l’enseignement chrétien et à l’école, de l’année de la famille, des vocations sacerdotales, de la Nouvelle Evangélisation, etc.
Voyageur infatigable, et malgré les mises en garde de ses médecins, il estima nécessaire, par ses visites pastorales, de conforter et de ranimer les espoirs de ses fils dans les communautés éparpillées à travers le monde. Il s’efforça de doter de prêtres certaines de nos communautés qui en étaient dépourvues depuis longtemps.
Le couronnement de son zèle apostolique fut cependant, ces dernières années, la réalisation d’un double rêve, nourri depuis un dizaine d’années : voir Saint Grégoire de Nareg proclamé Docteur de l’Eglise Universelle et participer à la Messe Pontificale historique célébrée à St. Pierre de Rome par le Pape François, durant laquelle le mot tant attendu de « premier Génocide du XXème siècle » fut prononcé par le même Pontife. Ce double événement , qui a été le fruit du travail ardu et assidu mené par les Pères du Synode des Evêques Arméniens Catholiques sous la direction du défunt Patriarche, ont été sa dernière satisfaction morale avant son départ pour la vie éternelle.
Chers frères et sœurs,
Nous disons adieu en ce moment à un prêtre . Un prêtre ne justifie ce titre qu’en étant le disciple inconditionnel et dévoué sans réserve de son Divin Maitre, qui se proclama le « Bon Pasteur ».
« Je suis le Bon pasteur », a dit le Maitre. Et comme pour spécifier la portée de ce titre, il poursuivit : « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis… Le Bon Pasteur marche devant son troupeau ». Il lui indique la voie de la vérité et de l’amour. Il est même prêt à se sacrifier pour préserver la vie de ses brebis.
Nous pouvons dire sans hésiter que notre défunt patriarche a été véritablement un bon Pasteur. En affrontant jusqu’à son dernier souffle toutes sortes de difficultés, il ne pensa même pas un seul instant à abandonner son troupeau et ses responsabilités. En dépit des appels à la prudence de ses médecins, durant toutes les étapes de sa maladie, il célébra la messe, il prêcha, il rédigea des lettres et des documents, il voyagea, il présida des réunions, jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent. Il résista vaillamment, lutta sans répit, resta sur la brèche et confia enfin son âme à son Seigneur. Son visage serein, comme nous le voyons en ce moment en son cercueil, est la preuve qu’il quitta tranquillement ce monde, en pleine confiance en la miséricorde du Seigneur, qui sait reconnaitre le siens et les récompenser justement.
Chers frères et sœurs,
C’est un homme de Dieu qui nous a quittés, un homme de prière, un homme de service, un homme du peuple. Nous espérons qu’il continuera à prendre soin, du ciel, de son Eglise et de son troupeau, et intercédera pour eux auprès de son Père céleste. Il le fera par l’intercession de la Vierge douloureuse et aimante de N. D. de Bzommar, du Bienheureux Ignace Maloyan, martyr du Génocide arménien, et de Saint Grégoire de Nareg, dont la reconnaissance comme Docteur de l’Eglise Universelle lui tenait tant à cœur et qui sûrement l’accueillera à bras ouverts dans le Royaume des cieux.
اخوتي وأخواتي الأحباء،
تنعي الكنيسة الأرمنية الكاثوليكية في العالم وفاة حبرها ورئيس كهنتها المثلث الرحمات نرسيس بدروس التاسع عشر الكاثوليكيوس البطريرك لبيت كيليكيا للأرمن الكاثوليك.
وفاة البطريرك نرسيس بدروس المفجعة والمفاجئة كانت كالصاعقة التي هزت الطائفة الأرمنية الكاثوليكية بكل كياناتها ومؤسساتها ولجانها ومؤمنيها وكل من عرفه عن قريب وبعيد. وبعد ترأسه الذبيحة الالهية يوم الأربعاء 24 حزيران في كاتدرائية القديس غريغوريوس المنور ومار الياس الحي بعد صلاة الشكر التي رفعها للباري تعالى مع سفار ة فرسان مالطة والقائه كلمتة الأبوية بمناسبة احتفالهم السنوي، وفي صباح اليوم التالي بعد تقديم الذبيحة الالهية حسب عادته الكهنوتية اليومية، لم يتوقع أنه بسلام وصمت وهدوء سيسلم روحه بين أيدي مخلصه خاتما خمسين عاما من حياته الكهنوتية.
الكنيسة الأرمنية الكاثوليكية بغياب حبرها خسرت راعيا غيورا ومرشدا حكيما، وخادما أمينا للمعلم الالهي بمثله ومثاله الصالح لاخوته الأساقفة ومساعديه الكهنة.
قبل ستة عشرة عاما، عندما وافق المثلث الرحمات على انتخابه من قبل آباء اليسنودس بطريركا على الطاثفة الأرمنية الكاثوليكية، كان يدرك تمام الادراك أن عبء هذه المسؤولية الجسيمة ثقيل ولكنه بايمانه العميق وبثقته بالنعمة الالهية لبى هذا النداء باخلاص وأمانة.
ومن أولويات مهامه كان تنظيم هيكلية الطاثفة متكلا على نشاط العلمانيين المحبين للكنيسة والملتزمين بنهضتها وازدهارها. تابع بالحاح تجديد وتشجيع اللجان البطريركية المنبثقة عن القوانين الكنسية ومهتما أيضا بتحديث الطقوس الكنسية وبوسائل الاعلام وبالدعوات والنشاطات الرعوية والعلاقات المسكونية والتعليم المسيحي والدعوات الكهنوتية والرهبانية وغيرها من الأنشطة الكنسية المتعددة. وكان يعتبر العلاقات المسكونية الصادقة والشفافة والصريحة بين الكنائس حيوية وهامة لاعلان البشارة في هذا الشرق. فلم يوفر جهدا في الحفاظ على العلاقات الأخوية مع اخوته البطاركة سواء على الصعيد الروحي والقومي. كان مقتنعا أن خير أبنائنا المؤمنين يتطلب من رعاتهم التعاضد بين بعضهم وخاصة في قضايا شعبنا المصيرية مترفعين عن المصالح الشخصية وهمهم الأوحد خير الكنيسة والوطن . لذلك كان يبذل جهدا للترابط والتشاور مع اخوته البطاركة في كل المناسبات بواسطة المراسلات أو بزياراته الشخصية .
هذا وقبل كل شيء كان رجل صلاة. وكان مقتنعا أن الكاهن هو رجل الله. وأن الحياة الروحية هي لرجال الدين لانجاح أعمالهم الرسولية.
كان المثلث الرحمات يدرك تماما أهمية الطقوس في تقديس نفوس المؤمنين وخلاصها. لم يكتف باللجنة الطقسية بل كان يستعين بلجان أخرى لتقوم برسالتها على أكمل وجه. وبتشجيعه وحثه ومتابعته أعيد النظر والطباعة لكتاب الذبيحة الالهية ولكتب الأسرار والطقسيات. شجع مبادرة اعادة النظر في ترجمة الكتاب المقدس باللغة العامية .
عرف المثلث الرحمات البطريرك نرسيس بدروس بعمله ونشااطه الدؤوب. ساعات عمله المتواصلة كانت غير محددة، بل كانت تمتد الى ساعات متأخرة من الليل. لم يكن يرضى بأي عمل غير منجز.
وللتاريخ علينا أن نذكر مبادراته المنجزة بخاصة في السنوات الأخيرة من حبريته. كراع ومرب لمؤمنيه وجه العديد من الرسائل الرعوية نذكر منها بشكل خاص رسالنه الحبرية التي أصدرها بمناسبة 1700 سنة على اعتناق الشعب الأرمني الديانة المسيحية.
لا نتردد ابدا بالقول بأن المثلث الرحمات كان راعيا صالحا لآخر رمق في حياته، مواجها بايمان ورجاء ومحبة كل الصعاب، على رغم تحذير الأطباء له. تحمل بصبر وشجاعة، وجاهد بدون يأس الى أن أسلم روحه بثقة بين يدي الخاق والمخلص والمحيي. وجهه الهادء في هذا النعش دليل ساطع على أنه فارقنا وغادر هذه الفانية متكلا على رحمة الله الذي يعرف خاصته ويعرف كيف يكافئها.
لقد رحل عنا رجل الله ، رجل الصلاة، رجل الخدمة، الراعي الصالح ليتشفع من علياء سمائه بالوطن العزيز لبنان الذي أحبه مدافعا عن سيادته واستقلاله وفرادته في محيطه العربي .
هذا ولا يسعنا الا أن نتذكر ما قام به من مبادرات زادت الكنيسة الأرمنية والشعب الأرمني فخرا واعتزازا في الدفاع عن قضيته العادلة سجلها له التاريخ اثر الاحتفالات بالمئوية للابادة الأرمنية واعلان القديس كريكور ناريكاتسي معلما ملفانات في الكنيسة الجامعة.
فارقد بسلام ، أيها الراعي الصالح ، في مصف القديسين ولتحل البركات السماوية علينا جميعا.